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Également connu sous le nom de Birthright, qui signifie littéralement "droit de naissance", Taglit à été conçu à l'initiative du gouvernement israélien et de philanthropes américains. Ces derniers ont fait fortune en tant que citoyens des États-Unis et leur identité juive les pousse à défendre l'existence de l'état d’Israël. Celui-ci est prêt à financer un projet novateur qui servirait ce but. C'est ainsi qu'en 1994, l'organisation Taglit-Birthright Israël est fondée à l'initiative du gouvernement de l'état juif, en collaboration avec deux businessmen américains : Charles Bronfman et Michael Steinhardt. Les associations juives, présentes dans de nombreux pays, se feront le relais de cette initiative en récoltant des dons et en en faisant la promotion auprès des communautés juives locales.
Des financements multiples et des critères stricts
L'existence de Taglit est rendue possible par plusieurs sources de financement. Le budget nécessaire pour faire visiter Israël à plus de 30 000 personnes par an s'élève à 660 millions de dollars. Ce coût est partagé entre le gouvernement israélien, des acteurs privés individuels, pour la plupart des donateurs américains et des associations juives locales comme la Jewish Federation of North America pour les États-Unis, ou le Fonds Social Juif Unifié pour la France. Une partie du coût du programme est également assumée par le gouvernement allemand, dans le cadre de la Jewish Claim Conference, une organisation qui regroupe différentes associations juives depuis 1951 et dont le but est d'obtenir des dédommagements pour les victimes de l'Allemagne nazie.
Pour partir, il suffit de déposer une candidature dans une agence de voyage accréditée. Les dossiers sont alors transmis à l'association qui sélectionne les candidats selon certains critères. Ces derniers sont stricts en matière d'âge : le candidat doit avoir entre 18 et 26 ans. Il faut également n'avoir jamais séjourné en Israël plus de trois mois depuis l'âge de 12 ans et ne pas y être allé du tout depuis l'âge de 18 ans. Enfin, sont éligibles "ceux qui s'identifient comme juifs et qui sont reconnus comme tels par leur communauté locale". Ce critère-là est sur le point d'évoluer.
Le programme s'ouvre à de nouveaux participants
Bien que le nombre de participants n'ait cessé d’augmenter pendant les dix premières années du programme, il a baissé de 17 % depuis trois ans. Certains attribuent ce déclin à la réputation de propagande sioniste dont souffrirait Taglit. Elle n'est pas infondée et nous verrons qu'elle fait écho à plusieurs aspects du programme. Afin de relancer l'attrait pour ce dernier, son directeur général, Gidi Mark, a décidé d'assouplir les critères de sélection concernant l'appartenance à la communauté juive. Selon un article du journal israélien Haaretz, Taglit pourrait maintenant s'adresser à des personnes qui, puisque n'étant pas formellement juives, auraient échappé aux campagnes de recrutement du programme.
De plus, puisque la majorité des groupes viennent des États-Unis, où les associations ont un budget suffisant pour financer de nombreux voyages, il est prévu de concentrer les efforts de communication sur Taglit dans d'autres pays qui accueillent une part non négligeable de la Diaspora. En France, la part d'aide du gouvernement israélien sera augmentée. En Russie, les critères d'appartenance à la communauté juive se sont déjà assouplis.
L'offre évolue mais l'ambition de Taglit demeure
Le changement résidera également dans le programme des voyages. Auparavant partagé à parts égales entre l'aspect historique, religieux et moderne d’Israël, il sera désormais plus orienté vers le dernier volet. L'organisation répond ainsi à l’appréhension de certaines personnes qui refusaient de partir par peur d'être victime d'une propagande sioniste ou de prosélytisme. Mais si le voyage n’apparaît effectivement pas comme une promotion de la pratique du judaïsme, il est indéniable que le but de Taglit est d'instiller l'amour d’Israël à une Diaspora souvent éloignée des enjeux de l'état juif. Un article du journal américain Jewish Review of Books remarque en effet que les participants au voyage sont invités à poursuivre l'expérience de Taglit chez eux, en s’investissant dans des projets de leur communauté juive locale. En revanche, rien n'est prévu pour inciter ces derniers à faire leur aliyah, ("ascension" en hébreu), terme désignant le "retour à la terre promise" d'un juif.
Taglit apparaît alors non seulement comme un moyen de découvrir Israël pour un nombre croissant de personnes mais aussi comme faisant partie d'une stratégie de soft power israélien. En favorisant l'attachement de la Diaspora à l'Etat juif, ce dernier affirme sa place de puissance ouverte sur le monde et se renforce localement.